“50 ANS DE BANDE DESSINÉE ALGÉRIENNE. ET L’AVENTURE CONTINUE”, D’AMEZIANE FERHANI

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Le prodigieux parcours du IXe art
Par : Sara Kharfi 15/12/2012

La bande dessinée est le seul art né, en Algérie, au lendemain de l’indépendance, d’après Ameziane Ferhani, qui signe avec ce beau-livre articulé autour de planches et d’un formidable texte qui raconte le parcours incroyable du IXe art dans notre pays et qui rehausse la BD au rang d’art à part entière.
Depuis l’institutionnalisation du Festival international de la bande dessinée d’Alger (Fibda), le IXe art a retrouvé la place qui lui revenait de droit. Celle d’un art à part entière, fait par des artistes pétris de talent, qui, avec une éclatante imagination, réussissent à donner du rêve aux grands comme aux petits, à inventer des personnages colorés, et à nous faire sourire, même de nous-mêmes.
En Algérie, et après une période dorée, relative aux années 1960/70, et la création de festivals dans les années 1980, la bande dessinée a connu une période difficile dans les années 1990, durant la décennie noire, d’autant que beaucoup d’auteurs de bande dessinée se sont orientés vers le dessin de presse (la caricature).
Dans son histoire, la bande dessinée algérienne a également pu compter sur le talent des artistes de l’émigration. Aujourd’hui, l’aventure de la BD continue, et Ameziane Ferhani nous raconte ce parcours dans “50 ans de bande dessinée algérienne. Et l’aventure continue”. Un ouvrage dans lequel il propose de construire des passerelles entre la BD et les autres arts (le cinéma, la littérature, etc.), mais aussi entre “l’histoire du pays et l’histoire de l’art”. Le beau-livre, écrit sous l’invocation de grands noms de la bande dessinée algérienne (disparus ou encore en activité), est agrémenté de magnifiques planches qui montrent l’évolution du IXe art dans notre pays. “50 ans de bande dessinée algérienne. Et l’aventure continue” n’est pas une anthologie ou un panorama. Ce n’est pas non plus une thèse. “Sil s’agit d’un essai, c’est au sens premier du terme, en l’occurrence une tentative d’introduire des éléments de réflexion et de critique sur l’histoire de cet art en Algérie et son évolution actuelle”, signale Ameziane Ferhani, dans une introduction qu’il a intitulée “À lire facultativement”. En plus de retracer les cinquante années de la bande dessinée algérienne, considérée par l’auteur comme étant le seul art né avec l’indépendance, Ameziane Ferhani a signalé, lors d’une rencontre de présentation qui a eu lieu le 11 décembre dernier à l’esplanade de Riadh El Feth (lieu où se tient encore l’exposition Fibda dédié au Cinquantenaire de l’indépendance), qu’il a “essayé de produire un texte comment je vois personnellement l’histoire d’art”.
S’appuyant sur des sources parcellaires (l’absence d’un fonds d’archives culturelles rend la tâche du chercheur ardue), comme des archives personnelles, des souvenirs également — Ameziane Ferhani est un grand amoureux de la bande dessinée.
Il a d’ailleurs été impliqué dans l’organisation dans les années 1980 dans l’organisation du Festival international de Bordj El-Kiffan, et le Festival méditerranéen de 1989 —, mais aussi sur le “Panorama de la bande dessinée algérienne 1969-2009” de Lazhar Labter, et les dictionnaires de Mansour Abrous, de Achour Cheurfi et de Jean Déjeux, l’auteur a articulé son ouvrage autour de six chapitres, dont chacun est illustré (“la BD algérienne : fille de l’indépendance”, “Histoire et BD : des cendres et des bulles”, “Première génération : exubérance puis défiance”, “Deuxième génération : désespérance puis fulgurance”, “la BD de l’émigration : planches d’outre-mer”, “En guise de conclusion : quelque chose est en train…”) qui peuvent être lus séparément et de manière non ordonnée ou chronologique. L’auteur fait remarquer lorsqu’il évoque la première génération que celle-ci a dû faire un effort de création extraordinaire, s’appuyant le plus souvent sur des références exogènes comme la pratique de la lecture.
Cette liberté extraordinaire dont a bénéficié la première génération s’est notamment concrétisé par la publication en feuilletons, et en formes de planches, dès 1967 dans “Algérie Actualité” de la première bande dessinée algérienne de science-fiction, intitulée “Naâr, une sirène à Sidi-Ferruch” de Mohamed Aram. En 1968 paraît le premier album de BD, édité par “Algérie Actualité” intitulé “Moustache et les Belgacem” de Slim. Suit en 1969, la création de “M’quidèch” qui a été une “véritable école”.
L’auteur sépare les générations d’après un double critère : selon qu’ils soient nés avant ou après l’indépendance, et selon qu’ils aient commencé avant ou après l’année 1988, une “année décisive dans l’histoire de l’Algérie”.
Cette deuxième génération fortement imprégnée par la télévision (puis plus tard par les nouveaux médias de communication) ou encore le manga se réappropriera l’héritage des “anciens” et construira de nouvelles références, produira un nouveau sens qui lui corresponde. “50 ans de bande dessinée algérienne. Et l’aventure continue” est une tentative réussie qui raconte le parcours du IXe art algérien, et qui met l’accent sur le talent des artistes, sur le rôle de la presse dans l’émergence de la BD et sur l’aventure qui continue et le chemin qui reste à parcourir.
S K
“50 ans de bande dessinée algérienne. Et l’aventure continue”, d’Ameziane Ferhani. Beau-livre, 257 pages. Éditions Dalimen. 4000DA

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