Akfadou, une commune en quête de développement

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CONSIDÉRÉE COMME BASTION DE LA RÉSISTANCE de la wilaya III
C’est dans la forêt d’Akfadou, une région sensiblement politisée, que le non moins célèbre héros de la Révolution algérienne, Krim Belkacem en l’occurrence, avait structuré les premiers groupes armés, à partir de 1945.
Créée en 1985, la commune d’Akfadou est située à quelque 17 kilomètres de la ville de Sidi Aïch, sur les hauteurs de la vallée de la Soummam. Elle sera rattachée à la daïra de Chemini à la faveur du dernier découpage administratif datant de 1991. S’étendant sur une superficie estimée à 42 km2, elle compte environ 7 200 âmes réparties sur 14 villages, dont Tiniri est chef-lieu communal. À l’origine, Akfadou puise son nom de l’expression berbère “Ikhef bwadhou” qui veut dire “la cime des vents”. Sa forêt dense portant le même nom couvre une zone montagneuse qui culmine à 1 623 m d’altitude, plus précisément où se situe à l’antenne d’Akfadou (relais de l’ex-RTA). La tribu des Ath Mansour, qui peuple l’Akfadou depuis la nuit des temps, tient son origine de l’actuelle Béni Mansour (Bibans) qui, elle, descendait de la Kalâa Béni Hammad du Hodna (M’sila), la dernière dynastie berbère, avant son anéantissement par les Béni Hillal, vers 1069. Le village Aourir Ath Hsyène d’où sont partis les membres de la famille de cheikh Mohand Améziane Ihaddadène (cheikh Aheddad), chef de file de la révolte de 1871, existait bien avant la période coloniale. C’est dire que l’ancrage de la tribu des Ath Mansour dans la région d’Akfadou remonte à plusieurs siècles. Leur histoire est plus que séculaire. Le massif de l’Akfadou qui constitue un trait d’union entre le Djurdjura oriental et le Djurdjura occidental, a toujours été un bastion de la résistance. Vers 1852, les Ath Mansour étaient regroupés autour de Boubaghla, un résistant bien connu dans la région de la Soummam, considéré comme étant l’un des précurseurs de la résistance armée contre les colons français. C’est dans la forêt d’Akfadou, une région sensiblement politisée, que le non moins célèbre héros de la Révolution algérienne, Krim Belkacem en l’occurrence, avait structuré les premiers groupes armés, à partir de 1945.
Au lendemain du déclenchement de la Révolution en 1954, la localité était à l’avant-garde de la lutté armée. C’est elle qui accueillit également le poste de commandement (PC) du colonel Amirouche, chef de la Wilaya III historique.
Le colonisateur français avait mis en place des SAS dans la plupart des villages d’Akfadou. Contraints à quitter les lieux, les villageois ont fui leur montagne pour s’installer dans le village colonial de Sidi-Aïch, ce qui a provoqué un exode rural massif.
UN LOURD TRIBUT : 300 CHAHIDS
Au lendemain de l’indépendance, la commune d’Akfadou s’en sortit avec un lourd tribut. Pas moins de 300 de ses meilleurs fils se sont sacrifiés pour sauver leur pays.
Aujourd’hui, cinquante ans après l’indépendance, tout n’est pas rose pour autant. La population d’Akfadou continue à subir les affres du terrorisme qui y a perpétré plusieurs attentats ayant couté la vie à de nombreux paisibles citoyens, dont des bergers, des gardes communaux et autres patriotes. Outre le climat d’insécurité qui règne dans cette zone montagneuse connue pour être une base de repli des groupes islamistes armés, la commune d’Akfadou souffre d’un sous-développement flagrant induit par l’absence de projets structurants à même de permettre un nouvel essor à la région. “Notre commune est très pauvre. N’ayant aucune ressource notable, elle vit des subventions de l’État depuis sa création. Les enveloppes financières qui nous sont allouées au titre de PCD (plans communaux de développement) ou sur le budget de wilaya demeurent insignifiantes par rapport aux besoins réels de la collectivité”, nous a déclaré le président de l’APC d’Akfadou, Mohand Saïd Azizi. Notre interlocuteur ne mâchera pas ses mots pour dénoncer les responsables de l’APW de Béjaïa qui, selon lui, rejettent systématiquement toutes les propositions émanant de l’APC d’Akfadou. “L’attitude méprisante qu’affichent ces responsables de l’APW à l’égard de notre commune ne peut obéir qu’à des considérations purement politiques. Je tiens d’ailleurs à condamner ce genre de manœuvres politiciennes qui ne servent point les intérêt de notre région”, fulmine-t-il. Revenant sur les projets initiés par son exécutif, le premier magistrat de la municipalité d’Akfadou citera notamment le projet d’ouverture d’une voie de communication entre Akfadou et Idjeur (Bouzeguène) sur une distance de 7 km.
une localité très pauvre
“Nous nous sommes engagés à réaliser ce rêve qui nous tient à cœur pour désenclaver un tant soit peu la région. C’est un véritable défi que nous avons relevé, puisque nous l’avons réalisé sur les PCD. Nous avons déjà injecté quelque 150 millions de centimes dans les frais de l’étude technique et pas moins de 500 millions de centimes dans les travaux de réalisation, notamment l’ouverture et l’élargissement de la piste”, expliquera-t-il, avant de se désoler de ne pas pouvoir venir à bout du projet, faute de moyens financiers nécessaires. À cet effet, le P/APC d’Akfadou profitera de l’occasion pour lancer un appel aux autorités concernées à l’effet de dégager une somme conséquente en vue de prendre en charge le financement des travaux d’aménagement et de revêtement estimés à huit milliards de centimes. À noter que d’autres projets, tels que ceux portant la réalisation d’une salle omnisports et d’une bibliothèque communale, se trouvent aussi à l’arrêt pour manque de financement. Le maire d’Akfadou soulèvera, en outre, le problème de transport public de voyageurs qui se pose toujours avec acuité dans sa commune. Selon lui, le manque de minibus pénalise toujours le ramassage scolaire, puisque certains villages sont encore mal desservis, à l’image de Zioui, Ath Amara, Taourirt, Aourir, Tabount et Rezzag. Par ailleurs, M. Azizi se félicite de l’inscription du projet de construction d’un nouveau CEM à Tiniri, ce qui permettra de démolir l’ancien établissement contenant de l’amiante. Le manque d’eau potable, surtout au chef-lieu communal, est un autre casse-tête pour les responsables locaux. À ce titre, le maire interpelle les autorités concernées pour le règlement définitif de ce problème. “Il faut savoir qu’Akfadou n’est pas touchée par l’eau du barrage de Tichy-Haf, alors que les communes limitrophes (Tibane, Souk Oufella et Chemini) en ont bénéficié”, a-t-il précisé. Pour le moment, a-t-il ajouté, la population d’Akfadou est alimentée par le captage de quelques sources naturelles, en attendant les jours meilleurs. Concernant le gaz de ville, notre interlocuteur estime que “notre commune doit être prioritaire pour deux principales raisons. Il y a la rudesse du climat en hiver, d’une part, et le souci d’arrêter le massacre de la forêt d’Akfadou, d’où on puise le bois de chauffage, d’autre part”.
En matière de santé, Akfadou dispose d’une polyclinique dépourvue de moyens aussi bien humains que matériels. Pas de point d’urgence malgré les promesses des responsables de wilaya. Le service de radiologie n’est pas encore opérationnel, faute de moyens humains. Parfois, les habitants d’Akfadou se voient obligés de parcourir près de 20 km pour aller aux urgences ou à la maternité de Sidi Aïch. En ce qui concerne le secteur de l’habitat, le P/APC d’Akfadou déplore le fait que le quota des logements ruraux alloués à sa commune est en deçà des attentes des citoyens, et ce, malgré la forte demande des citoyens. “Pourtant, notre commune est réputée pour être l’une des meilleures en matière d’achèvement des travaux”, a-t-il soutenu.
Enfin, il n’a pas manqué d’aborder également la question d’hygiène et de l’environnement, affirmant que “le problème des ordures ménagères est en voie de règlement dans notre commune, puisqu’un particulier s’est engagé à prendre en charge la gestion des déchets, en créant un centre de compostage dans son propre champ, sis au village Tabount”.
Par : Ouhnia Kamel
09 01 2012
http://www.liberte-algerie.com/

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