Hommage : De Paris vers Bou Messaoud où il a été enterré hier Le dernier voyage de D’da Cherif !

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Les obsèques de Cherif Kheddam ont eu lieu, hier en son village natal à Bou Messaoud, comme il l’avait souhaité de son vivant. Une marée humaine l’a suivi à sa dernière demeure. Pour parvenir sur les lieux, il fallait faire de la marche à pied sur plusieurs kilomètres. Les routes étaient bondées de centaines de véhicules immobilisés.
Il y’avait foule, hier, au village Boumessaoud sur les hauteurs de la Kabylie. Ils sont venus de partout rendre un dernier hommage à celui qui avait ouvert la voie de l’universalité à la chanson kabyle, il y a plus d’un demi siècle. Artistes, hommes politiques ou simples citoyens ont tenu à ne pas rater l’occasion de venir accompagner, à sa dernière demeure, celui que tout le monde appelait affectueusement « Dda Chérif ». Des centaines de véhicules immatriculées dans les wilayas de Béjaïa, Bouira, Tizi-Ouzou, Alger, Constantine, Bordj Bou Arreridj et Blida, pour ne citer que celles que nous avions pu distinguer, étaient sur place. Face à la foule impressionnante qui déferlait dés les premières heures de la matinée sur Boumessaoud, les organisateurs ont pris la décision de ne laisser passer vers le lieu que les véhicules des officiels. Les autres devaient stationner en bas, à quelques cinq kilomètres du village, afin d’éviter un éventuel encombrement. Il n’était pas du tout aisé de contenir cette procession humaine qui grandissait au fil des minutes. Arrivé d’Alger au petit matin, le corps de Dda Chérif a été exposé au niveau de la mosquée du village. Il fallait jouer des coudes pour pouvoir réussir à s’y introduite, au point où une grande partie des citoyens n’a pas réussi a jeter un ultime regard sur la dépouille du défunt. Transportée à 13 heures au cimetière, juste avant la prière du vendredi, sur une distance d’une cinquantaine de mètres et sous le slogan «Assa Azeka Dda Chérif yella yella », la dépouille a été mise sous terre dans une atmosphère lugubre.
«Ce sont des funérailles dignes de la stature de l’homme », confia un confrère. Devant autant de monde, certains sont allés jusqu’à comparer la cérémonie d’hier à celles de deux autres monuments de la culture berbère, l’écrivain Mouloud Mammeri et le chanteur Matoub Lounès. Aimé et adulé de son vivant, Chérif Kheddam a eu l’hommage qu’il méritait.
Hier, on pouvait distinguer plusieurs personnalités politiques venues rendre un dernier hommage à l’artiste. En plus des autorités civiles et militaires de la wilaya de Tizi-Ouzou, à leur tête le wali, M. Abdelkader Bouazghi, on a noté également la présence du P/APW et du directeur de la culture, des maires de Bouira et de Béjaïa, des députés et des élus locaux de la région. Il y avait également, sur place, le secrétaire général de l’UGTA, Madjid Sidi Saïd, le premier responsable du HCA, Youcef Merahi, et le secrétaire général de l’UDR, Amara Benyounes. Ce dernier, très touché par la disparition de celui qu’il dit avoir côtoyé au village Boumessaoud, pour y avoir vécu et grandi, a tenu a nous rappeler qu’au-delà de l’homme de culture que tout le monde connaissait, « Chérif Kheddam est un patriote qui avait participé à la guerre de libération nationale en sa qualité de membre actif de la Fédération FLN de France. Chérif Kheddam était un homme simple et respectueux que tout le monde aimait. C’était un ami que j’avais connu depuis mon enfance dans ce village où j’a vécu et grandi. J’ai la chance de l’avoir côtoyé et je n’arrive toujours pas à croire qu’il n’est plus de ce monde. C’est un piler qu’on vient de perdre. Il a laissé une œuvre inestimable et le meilleur hommage qu’on peut lui rendre est que la nouvelle génération poursuive le chemin sur la voie qu’il a tracée ». Pour le cinéaste Abderahmane Bouguermouh, présent à l’enterrement aux cotés de plusieurs autres artistes, à l’instar de Kamel Hamadi, Farid Ferragui, Amour Abdenour, Lounès Kheloui, Belkhir Mohand Akli, Boudjemaâ Agraw… « il faut des heures et des heures pour parler de l’homme. Ce fut un ami de longue date. Aujourd’hui, il a fait pleurer tout le monde, car de son vivant, il a bercé tout le monde avec ses mélodies. Chérif Kheddam avait tout simplement universalisé la musique kabyle », nous confia le réalisateur de la Colline oubliée.
Trois ministres et des dizaines d’artistes à l’accueil de la dépouille à Alger
Arrivée à l’aéroport d’Alger, jeudi aux environs de 18 h30 à bord d’un avion en provenance de Paris, la dépouille de Chérif Kheddam a été accueillie par Khalida Toumi, Ministre de la culture, Tayeb Louh, ministre du travail et Amar Tou, ministre des transports, en présence de Madjid Sidi Saïd, secrétaire général de l’UGTA, Mustapha Lahdiri, PDG de la Protection civile, Abdelkader Bouazghi, wali de Tizi-Ouzou, et El Hadi Ould Ali, directeur de la culture. Plusieurs artistes, hommes de culture et amis du défunt étaient également présents à l’arrivée de la dépouille, à l’instar de Kamel Hamadi, Hassen Ahrés, Boualem Chaker, Ahcene Ath Zaïm, Slimane Hachi et Hamidou. Après une heure de recueillement au niveau du salon d’honneur de l’aéroport international d’Alger, le cercueil de l’artiste, drapé dans l’emblème national, a été acheminé par les éléments de la Protection civile vers la demeure de l’artiste, à Bouzaréah, sur les hauteurs d’Alger, comme l’avait souhaité le défunt de son vivant. Sur place, plusieurs amis et voisins de l’artiste ont tenu à jeter un dernier regard sur la dépouille de Chérif Kheddam avant que le cortège, composé d’une douzaine de voitures et toujours sous la direction des éléments de la protection civile et des différents services de sécurité, ne s’ébranle aux environs de 23 h30 en direction du village natal de l’artiste à Boumessaoud, dans la commune d’Imsouhal. Ce n’est qu’au petit matin, et plus exactement à 04h, que le cortège d’une trentaine de véhicules est arrivé à la maison natale de l’artiste pour son ultime « séjour » parmi les siens, avant sa mise en terre hier après-midi.
Ali C. et M.O. Benmokhtar
27 01 2012 http://www.depechedekabylie.com

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