Mots de mer par Rabah Bellili

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 Mots de mer,

J’écoutille avec attention et vigie tous les mots de mer.

Pas par crainte de la bonne fortune.

Comme tout un chacun j’aime cette ambiance d’aconier entre nous.

A force d’haler les gambettes cela donne le roulis.

Sous la marquise je me sens rassuré.

Bien sur les voyages sur la grande mare des canards ne sont jamais sans risque, jamais à l’abri d’un brigantin, d’un pirate ou d’un corsaire.

Je ne suis pas un passager comme les autres, ni maître coq, ni maître queue.

Mon sillage ne fait que commencer, il sera long et je ne serai jamais à sec de toile à matelas dans mon hamac.

Abouter les plaisirs de cette virée et s’adonner aux éléments et à l’équipage.

Le rythme du cabestan, les embardées sur les embruns, quand l’allonge d’écubier fait entendre les tintements et les frottements de la chaîne c’est que nous allons accoster. Voir la terre après la mer.

Le navire lui-même, un monde des horizons, une fourmilière sur les flots.

Les soirées délicieuses sur le pont sous le fanal assis sur une glène à la poupe ou à la proue avec une palanquée de compagnons qui hissent l’humeur et la joie aussi haut que le mat d’artimon.

Radouber son esprit, le briquer, remonter petit à petit au-dessus de la ligne de flottaison, sortir de son scaphandrier depuis le fond du fond, sur le pont, puis se sentir alléger de tous ces lestes invisibles  comme porté par un gabier, un gars bien,  jusqu’à la flèche.

Jetée loin de soi, faire mouillage en amitié à bord, après tant de mille sabords.

Que de souvenirs… Nordet, noroît et zéphyr, que c’est bon de bourlinguer !

Que c’est bon aussi de jeter l’ancre après avoir tant louvoyer.

Rabah Bellili

« Mots de mer » – Le mardi 15 janvier 2019

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