Santé mentale à Béjaïa : quels moyens de lutte contre le suicide ?

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Ils sont des centaines à se battre nuit et jour pour soutenir un frère, une sœur, un parent en proie aux affres de la maladie psychique tout en essayant d’assurer le quotidien de ses propres enfants ou ceux même du parent malade.
Le suicide de deux jeunes gens dans les communes de Béjaïa et de Oued Ghir cette semaine a fait réagir plusieurs citoyens de la région. L’émoi que suscite le phénomène délicat du suicide incite de nombreux citoyens à pointer du doigt les pouvoirs publics. Indifférence disent certains, incompétence lancent d’autres. Ce qui est sûr c’est qu’en Algérie, les moyens minimaux de lutte contre ce phénomène sont presque inexistants.
Les études permettant de mieux cerner ce phénomène et de le combattre sont aussi rarissimes. Les rapports sont généralisés et ne présentent pas de statistiques fiables pour mesurer l’ampleur du suicide dans la société, ni par région, ni par catégorie d’âge ou de classe sociale. Les tentatives de suicide sont aussi un cas inexploité, sans oublier, évidement l’immolation.
De nombreux spécialistes s’accordent sur le fait que le suicide est avant tout une réaction à un état psychologique dans la plupart des cas chez les personnes souffrant de troubles psychiques. Qu’en est-il alors de la prise en charge de la maladie psychique à Béjaïa?
La prise en charge médicale dans les centres de santé ou chez des psychologues et des psychiatres est primordiale pour chaque personne souffrante de troubles psychiques. Si le nombre de psychologues est en croissance dans la région de Béjaïa, il n’en demeure pas moins que de nombreux éminents psychologues de la région se sont envolés pour d’autres pays développés comme la France ou le Canada pour «exercer leur métier dans de bonnes conditions», disent-ils.
Indemnités
Au niveau des hôpitaux, plusieurs établissements hospitaliers de grande affluence, comme l’hôpital Akloul Ali d’Akbou et d’autres hôpitaux dans les chefs-lieux de daïra de la wilaya, ne disposent pas de centres spécialisés. Au niveau de l’ancien hôpital d’Akbou, une psychologue et un psychiatre assurent un petit service d’accueil de personnes souffrant de maladie psychique. Le psychiatre a démissionné ces derniers jours pour un poste plus intéressant, nous confie une source de cet hôpital. Au niveau du chef-lieu de la wilaya, un service de prise en charge existe au niveau de l’hôpital Frantz Fanon avec toutes ses imperfections. «Il n’y a pas de normes respectées de tout le système de santé en Algérie, donc bien sûr à Béjaïa nous avons un besoin énorme en matière de prise en charge de la maladie mentale, même l’hôpital Frantz Fanon ne répond pas aux normes», indique une source proche de l’établissement Akloul Ali qui a requis l’anonymat.
À cela s’ajoutent les facteurs liés au quotidien difficile des citoyens, manque d’emploi, bureaucratie, perte de repères et manque de confiance en l’avenir. La pauvreté reste également l’un des éléments majeurs de la dégradation de l’état des personnes souffrant de maladies psychiques. Dans certaines familles, parfois plusieurs personnes sont atteintes de ce mal du siècle à cause du facteur dit héréditaire chez certaines maladies psychiques. Ils sont des centaines à se battre nuit et jour pour soutenir un frère, une sœur, un parent en proie aux affres de la maladie psychique tout en essayant d’assurer le quotidien de ses propres enfants ou ceux même du parent malade. Si la couverture sociale reste très satisfaisante, les indemnités, en revanche, sont de loin insuffisantes pour faire face au besoin de la personne qui souffre, à savoir 4000 DA le mois.
T. Illoulen

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