Allaoua Zerrouki. “Le jardin de mon mauvais souvenir”, Par : Malika Dormane .

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Sépulture de Allaoua Zerrouki
“Le jardin de mon mauvais souvenir”, Par : Malika Dormane 08 avril 2012

Il y a quelques mois, je savais que Allaoua Zerrouki était enterré dans le cimetière de Thiais, près d’Orly, en banlieue de Paris. Je voulais aller sur sa tombe, lui rendre visite et “communiquer” avec lui, même communier avec ce grand artiste à la voix de rossignol, bel homme élégant.
Aujourd’hui, lors d’une sortie en voiture avec Ferriel, une amie, roulant en direction d’Orly, je découvre sur la route le panneau d’indication de la ville de Thiais, cela me fait tilt. Je demande alors à Ferriel de prendre la direction de Thiais, lui expliquant que Allaoua Zerrouki y est enterré. Elle accepte et me fait plaisir. Arrivées sur les lieux, nous demandons à plusieurs employés du cimetière de nous renseigner sur la tombe de l’artiste. Après avoir compulsé plusieurs registres, l’un d’entre eux nous apprend que Allaoua Zerrouki se trouve au Jardin des souvenirs. Interloquée, je m’adresse à la personne pour plus d’informations. J’en reçois des plus mauvaises, car blessantes. Je m’effondre en larmes, Ferriel également. J’en suis toute retournée. Pourquoi ? Je réponds à cette question. Depuis 2002, le corps de l’artiste a été exhumé pour être incinéré, les cendres disséminées dans le Jardin des souvenirs. Pourquoi cela ? Parce que, d’après les informations qui me sont données, personne n’a payé la concession pour une sépulture à vie (environ 3 500 euros). Ma réflexion, moi-même artiste, femme et kabyle par-dessus, est la suivante : “Comment en est-on arrivé là ? Comment n’a-t-on pas pu payer cette maudite somme ? Zerrouki ne méritait-il pas une tombe comme tout le monde en tant qu’être humain ?”
Personnellement, je suis outrée !
Au bout d’un certain temps, je sors du cimetière pour acheter des fleurs et les lui offrir, en plus d’allumer des bougies, en le priant de bien vouloir pardonner à ceux, de a à z qui sont responsables de cet état de fait, car ils ne savent pas. Je me recueille, entourée de Ferriel et d’une jeune veuve venue sur la tombe de son défunt mari. Toujours en colère, après tout le monde, tant les autorités algériennes que les personnalités kabyles… J’en veux à tous ceux qui savaient et qui n’avaient rien dit, mieux encore, rien fait, pour éviter d’en arriver là : j’en ai honte. Qu’en sera-t-il de Slimane Azem ? De cheikh Hasnaoui ? Des membres de la famille Amrouche ? Et d’autres encore ?
Honte à qui sait et ne fait rien de bien aux siens !
Source : liberté du 08 Avril 2012

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