Béjaïa. Les cours de soutien scolaire ont la cote

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Secteur de l’éducation à Béjaïa
Les tarifs des cours varient entre 400 et 600 dinars pour une matière. Les élèves de classes d’examens des trois paliers scolaires ne sont plus les seuls à suivre des cours supplémentaires.
Dénombrables lycéens, collégiens et mêmes des écoliers suivent des cours particuliers devenus, en l’espace de quelques années, une nécessité absolue dans les esprits des élèves et de leurs parents. «Le nombre de nos élèves n’a pas cessé d’augmenter durant ces trois dernières années» affirme un responsable d’une école privée qui assure des cours de soutien scolaire. «Tous mes camarades de l’année passée ont suivi des cours de soutien mais pas moi. Je ne vais pas refaire la même erreur cette année» nous confie un lycéen qui refait son baccalauréat en gestion économique. Certains se plaignent même d’avoir chercher en vain, une place pour suivre des cours particuliers.
La demande est telle que des écoles privées spécialisées dans le soutien scolaire sont de plus en plus nombreuses à chaque rentrée scolaire. Les entrées des établissements de l’éducation sont inondées d’affiches proposant des cours de soutien. Hormis les enseignants, des diplômés et des étudiants s’y mettent aussi.
Beaucoup parmi ces derniers optent pour les cours de soutien afin de gagner un peu d’argent. «Je ne vais pas le faire uniquement pour de l’argent» nous dit une étudiante en psychologie qui s’apprête à donner des cours à un groupe de huit élèves de cinquième année primaire. Elle compte également les préparer psychologiquement pour leur tout premier examen. Raouf, lui, a commencé en ce mois d’octobre.
Etudiant en deuxième année universitaire, il a aménagé un local familial en classe pour y enseigner les mathématiques et la physique. «Les élèves sont plus à l’aise avec nous» déclare Raouf. Nos interlocuteurs nous disent qu’ils connaissent plusieurs autres étudiants qui font le même travail qu’eux. Les tarifs des cours varient entre 400 et 600 dinars pour une matière. «Les élèves n’aiment pas poser des questions à leur professeur parce qu’ils sont timides ou ont peur d’être humiliés. Mais ils le font facilement en cours de soutien» nous explique en substance Lamia Mourah, psychologue clinicienne et orienteuse scolaire au sein d’un lycée. Et d’ajouter : «ça m’arrive d’orienter vers des cours particuliers, des élèves qui ont un retard ou des difficultés scolaires.»
Par le retard scolaire, la psychologue désigne le besoin de l’élève de recevoir la leçon plusieurs fois avant de l’assimiler.
Échec scolaire
Les cours de soutien ont tendance à se généraliser. Les élèves de classes d’examens des trois paliers scolaires ne sont plus les seuls à suivre des cours supplémentaires. Des bons élèves s’y intéressent aussi, souvent pour imiter leurs amis.
D’après des gérants d’écoles privées, quelques parents veulent même que leurs progénitures suivent des cours individuels et d’autres leur font suivre des cours en six matières.
Certains encore font faire des cours à leurs enfants juste pour qu’ils ne passent pas trop de temps à la rue ou parce qu’ils ne font pas confiance au système éducatif, notamment à cause des grèves à répétition.
Résultat: des enfants de six et sept ans sont contraints de suivre des cours particuliers. Pourtant, ces cours ne sont pas toujours bénéfiques pour l’élève. Ça pourrait même le conduire tout droit à l’échec scolaire. «Il ne faut pas oublier que l’enfant passe suffisamment de temps à l’école en dépensant de l’énergie, en se concentrant et en apprenant. Alors, si nécessité il y a à combler les lacunes, ce qu’il n’a pas assimilé, c’est bénéfique dans la mesure où les parents ne tombent pas dans l’excès qui peut nuire dangereusement à la santé physique mais aussi au bien être moral, psychologique et surtout social de l’enfant», explique une orienteuse scolaire et enseignante à l’université de Béjaïa.
Et d’ajouter : «L’enfant a besoin également de jouer avec ses amis, de regarder son dessin animé, jouer à son jeu électronique, se reposer et se déstresser après la journée qu’il vient de passer» estime-t-elle. «Dans le cas où il n’y a personne dans l’entourage de l’élève pour l’aider à la maison, les cours de soutien doivent se faire en une seule journée du week-end et ne pas dépasser deux matières» dit Mme Mourah. «Les cours de soutien sont essentiels pour les élèves en terminal. Pour les autres classes, ils peuvent réussir rien qu’en travaillant bien à l’école» conclut-elle.
Ithri Belatèche
http://www.elwatan.com 16 11 2011

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