Chemini : la cueillette d’olives amorcée

Partager

Cette année le prix de l’huile d’olive oscille entre 500 et 600 dinars le litre.
Comme à l’accoutumée, l’amorce de la collecte d’olives se fait à l’orée de la saison hivernale. Les différentes bourgades de la région d’Ait-Ouaghlis investissent leurs champs armées de gaules, de filets à petites mailles et de haches. Les dernières pluies ont amplement laissé mûrir le fruit noir. L’olive qui était avant la tombée de la pluie complètement desséchée s’est métamorphosée en prenant du volume et une coloration noirâtre, synonyme de maturation. Pratiquement, tout le flanc de l’Akfadou est couvert de vastes oliveraies, jalousement gardées par les propriétaires.
Les huileries ont timidement ouvert leurs portes car bon nombre de personnes n’ont pas encore entamé la récolte. Cependant, les premiers tours de moulin à huile n’augurent pas d’un bon rendement, et pour cause, la quantité d’huile d’olive récupérée après trituration n’excède pas les 10 litres pour un quintal d’olives. Un rendement jugé très faible par rapport aux saisons antérieures. Chacun y va de sa propre analyse. Les uns imputent ce faible rendement au manque de maturation du fruit et au non-respect des règles de stockage. Un septuagénaire nous a confié que pour avoir un bon rendement, l’olive doit reposer après la récolte en lui laissant le temps de se vider de toute son eau et la stocker sous forme de petits monticules afin de l’aérer.
Sa conservation dans des sacs de plastique ne fait qu’étouffer le fruit, ce qui ne favorise pas une meilleure maturation. Quant aux autres, ils remettent en cause le procédé de gaulage qui consiste à frapper l’olivier à l’aide d’une gaule pour faire tomber le fruit. Une opération loin de faire l’unanimité auprès des connaisseurs, car cette pratique cause beaucoup de dégâts à l’arbre. Les coups de gaules à répétition ne font que ployer ou briser les jeunes rameaux, ce qui affecte le rendement de l’année d’après.
Une conservation rationnelle de l’olivier passe forcément par l’entretien en procédant à l’élagage afin de laisser l’olivier ″respirer″, couvrir les racines saillantes à l’aide de la terre… ces quelques précautions peuvent aider amplement à un meilleur rendement, et protéger de facto l’olivier. Le flanc méridional de la vallée de la Soummam semble suivre cet exemple en patientant davantage pour mieux récolter le fruit noir. Quant à l’usage de la gaule, celle-ci n’est guère utilisée, préférant de loin le recours à une récolte manuelle
Bon nombre de fellahs se font un sang d’encre quant au déclin de la récolte de l’année en cours.
Le faible rendement de la saison oléicole ne peut être endossé qu’au seul fait du faible taux de pluviométrie, mais d’autres facteurs interviennent de près ou de loin dans l’annihilation de la filière oléicole. Les bonnes récoltes sont souvent alléchantes pour les maraudeurs, se frottant les mains dès l’entame de la saison oléicole. Mais, cette saison n’est pas comme les précédentes où les récoltes étaient importantes, en sus d’un meilleur rendement.
La baisse du rendement et les faibles récoltes induiront forcément une huile d’olive dispendieuse, et tout laisse croire que l’appât du gain facile attisera les gens de mauvaise foi de recourir aux pratiques déloyales telle que l’écoulement des huiles frelatées. Le prix du litre de l’huile d’olive oscillait entre 500 et 600 dinars l’année écoulée, et vu la tendance à la baisse des récoltes, le cours de l’huile d’olive s’envolera crescendo. L’absence de contrôle et de la répression des fraudes hypothèquent sérieusement l’avenir de la filière oléicole, qui ne cesse de régresser d’année en année. Les professionnels du métier ne cessent de tirer la sonnette d’alarme face à la déliquescence de cette filière vivrière et millénaire.

Bachir Djaider
El Watan 11 12 2012

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *