Colloque sur Mohand Cherif Sahli (1906-1989) L’hommage de Sidi Aïch

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epoque_2180631_465x348pLa fière contrée des Ath Ouaghlis, à Sidi Aïch, s’apprête à rendre hommage à l’un des siens : Mohand Cherif Sahli, l’un des théoriciens du nationalisme algérien, disparu le 4 juillet 1989, après une vie parsemée de hauts faits qui honorent cette personnalité hors du commun.

Un colloque lui est consacré ces jeudi et vendredi sur les terres de ses ancêtres en signe de reconnaissance. Djamel Sahli, dit Aouedj, son neveu, qui compte parmi les organisateurs de cette rencontre, nous a donné un aperçu sur la vie très dense de son oncle, alors que la très active société savante, Gehimab, de l’université de Béjaïa, s’est attelée à réunir toutes les  conditions pour la réussite de ce colloque. Bien que philosophe de formation, Sahli Mohand Cherif devint historien par patriotisme. Il fut aussi un brillant diplomate. Parent de Sahli, historien, islamologue et ancien ambassadeur, Tahar Gaïd nous dresse un tableau élogieux de son aîné qui a su se transcender pour laisser des marques indélébiles dans l’histoire de ce pays.
Son dernier livre qui fera date dans l’écriture de l’histoire, se souvient Gaïd, a été Décoloniser l’histoire (1986) où nous relevons cette phrase : «Il est plus facile de décoloniser un territoire que de décoloniser les esprits». C’est un écrit qui devrait s’inscrire sur les frontons des écoles et des universités algériennes, ainsi que sur ceux des organisations culturelles et des cercles d’étude et de réflexion.
Lors du déclenchement de la guerre de libération, le 1er Novembre 1954, Cherif Salhi était un homme aguerri et expérimenté. Aussi avait-il rejoint les rangs du FLN sans aucune hésitation. Se trouvant à Paris et retrouvant ses réflexes de journaliste, il avait été désigné membre de la commission de la presse de la Fédération de France. Son ac­tivité avait pris de l’ampleur. C’est ainsi qu’il avait été promu représentant permanent du FLN, puis ambassadeur du GPRA dans les pays scandinaves de 1957 à 1962.
A l’indépendance, il avait poursuivi sa carrière diplomatique après un passage au Centre des archives d’Alger comme directeur. Il avait été ensuite nommé ambassadeur d’Algérie en Chine, en Corée du Nord et en Tchécoslovaquie. Mohand Chérif a pris sa retraite en 1978. Il a rendu l’âme le 4 juillet 1989, soit un peu plus de dix années après. Il a été enterré dans le carré des Martyrs à El Alia, où se trouvent ses nombreux compagnons de lutte.
Pour M. Gaïd, «l’Algérie ne parle que rarement de ses enfants intellectuels, de surcroît producteurs d’idées novatrices. Il en est ainsi de Mohand Chérif Sahli. Heureusement que sa région va effacer cet oubli en organisant ce colloque. Quoi qu’il en soit, il est certain que si tout passe et tout s’efface, Mohand Cherif est parti en laissant des traces».
Pour l’anecdote, Sahli avait aussi le sens de la dérision. Un jour de vacances, alors qu’il se trouvait au marché de Sidi Aïch, habillé d’une gandoura et portant un chapeau de paille, il s’était assis au bord d’un trottoir, un couffin entre ses pieds. Une femme pied-noir passe devant lui et lui dit : «Qu’est-ce que tu vends Mokhamed ?» Il répliqua : «Je vends de la politesse, madame !» Sans autre commentaire.
Hamid Tahri
El Watan 14 05 2014

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