L’association culturelle « El-Flaye-Savoir et Patrimoine » a organisé une formation de trois jours, les 12, 13 et 14 juin 2015, sur l’art du conte et la réappropriation du patrimoine oral, animée par une conteuse professionnelle. Ces trois journées ont réuni des directrices de crèche, des éducatrices, des animatrices de bibliothèque et des personnes investies dans la collecte du patrimoine local.
A travers le conte, on éduque,on développe l’écoute et l’imagination, on fait découvrir d’autres cultures et on distrait. En un mot, on participe à l’éveil des enfants. Grâce au conte, l’enfant deviendra créatif et un adulte épanoui. Tel est l’objectif de notre association à travers cette formation et beaucoup d’autres activités réalisées jusque-là.
Le premier jour, la formatrice a fait une approche théorique sur l’art et la manière de raconter une histoire ici et ailleurs. Pour ce faire, elle a évoqué l’importance des outils utilisés, les formulettes, les costumes, les décors et le rôle de la comptine et de la poésie. Par ailleurs, elle a mis l’index sur les difficultés rencontrées dans l’exercice du métier de conteur quant à la restitution de l’oralité et son adaptation à l’époque moderne. De leurs côtés, certaines participantes, travaillant avec la petite enfance au quotidien, ont soulevé le manque de production locale (livres, CD, …). La conteuse a alors proposé à l’assistance d’effectuer un travail de collecte auprès des passeuses et passeurs, les bibliothèques vivantes qui détiennent un savoir ancestral,et cela afin de le transmettre directement aux enfants.
A La fin, chaque participant a été invité à préparer un conte de son choix pour l’atelier du lendemain.
Le deuxième jour, l’animatrice a aidé les unes et les autres à optimiser leurs capacités. Elle les a entrainées à la maîtrise des mouvements du corps, du souffle et du débit de la voix. Au terme de l’exercice, le groupe a travaillé sur une comptine,en kabyle « Turarin », « Tchiw-tchiw Ali/ Azguer n AƐmerWaƐli », recueillie par une jeune participante de Tifra, N.W., et réécrite pour être apprise par les enfants.
Aussi, il a été mis au point une chansonnette sur le rituel du lavage des mains afin que les petits trouvent du plaisir à le faire avant chaque repas. Par la suite, une scène a été improvisée et chacune a eu à s’exercer et à se soumettre au jugement des autres. Les remarques faites et les conseils prodigués ont porté immédiatement leurs fruits au deuxième essai, tant la motivation était grande.
Les prestations ont été filmées afin que les conteuses en herbe puissent elles-mêmes juger de leur évolution.
Le troisième jour, les participantes ont offert un spectacle de contesà une quarantaine d’enfants.Elles ont également chanté en chœur avec eux la comptine préparée la veille.
La formation a permis de détecter des talents et de déboucher sur des projets qui pourraient raviver le patrimoine oral local.
Chacun de nous est porteur de cette graine authentique qui n’attend qu’à s’exprimer.
« Anda tedduḍ ay aḍar
Inna-as : ar uẓar »
Proverbe kabyle
Le bureau de l’association
Merci pour l’initiative, pour faire revivre des traditions en perdition.
Ma petite remarque concerne l’image accompagnant l’article; « soirée d’hiver autour du kanoun », oui mais les regards captivés des membres de cette famille est tourné vers ce que je présume être une télévision (un autre grand maux), tous ébahis, captivés et loin de l’esprit du conte.
merci encore une fois.
Paroles de femmes
Paroles de mères de sœurs, de cousines, de voisines
Le conte comme achewiq, une partie de notre identité, véhicule de notre culture qui a encore en lui notre histoire, une partie de nous, de ce que nous avons été, de ce qu’on été nos parents, de nos valeurs, de nos rêves et nos espoirs. La parole remède et panacée aux tourments et aux misères du quotidien, en enchantant nos nuits, pour un nouveau jour. Ne dit on pas que la nuit la plus sombre a une fin lumineuse ?
Une partie de nos rêves, de nos espoirs, et de nos remèdes, sont là, l’air de rien sous la parole et la magie des conteuses. Oui c’est vrai de par le monde, il y a des conteurs, dans d’autres contrées, mais chez nous, comme une tradition la voix des conteuses veille au plus profond de notre mémoire et de notre présent.
Quelqu’un a dit faire revivre le conte. Mais il n’a jamais disparu, parfois, certes un peu en veille, même endormi, comme une longue hibernation. Mais que nenni, il est toujours vivant.
Je suis admiratif et réjoui des initiatives et activités de l’Association El Flaye Savoir et Patrimoine, telle que celle ci ou l’on trouve comme à chaque fois: de l’intelligence, de la sagesse, de la connaissance, de la réflexion, des questionnements, un regard, des regards et des voix de femmes qui s’investissent et participent avec simplicité et modestie. On pourrait dire, il était une fois, dans un village, un peu au dessus de Sidi Aïch, des femmes qui se retrouvent pour…
Je ne peux par en dire plus, pardonnez moi, je n’étais pas présent, mais je sais que bien des contes d’hier et d’aujourd’hui ont libéré, à nouveau la parole… … Conte, conte, la parole dite qui change le présent, qui change la vie… J’ai bien dit qui change la vie, car il y a la vie, la mienne, la tienne, la sienne, et celles que l’on raconte et que l’on vit en même temps. Un dernier mot pour vous marquer ma reconnaissance sans compter, pour ce que vous faites, et pour ce que vous êtes.
Avec toute mon amitié.
Rabah BELLILI