Demain ou après demain je vais partir au pays.
Peut être devrais je dire repartir au pays…
Quel est donc mon pays ?
Celui d’où je viens ou celui ou je vis ?
Je ne suis pas bédouin, et je n’ai pas de chèvres.
J’aurais pu dire ainsi, partout ou ma chèvre s’arrête
cela est mon pays.
Je ne veux vous rendre chèvre, ni vous mystifier, c’est bien moi qui m’égare et ne sais comment dire, en me cachant derrière les mots, avec des phrases qui éloignent l’attention, la mienne et la votre.
Je ne sais comment dire pour échapper à ces instants, aux pensées et à la tristesse, à l’injustice du sort, à mon beau frère Mustapha, maintenant qu’il s’en est allé, son esprit élégant et soigné pourtant avec nous est resté.
Les effets de l’absence sont si imperceptibles et la séparation si pénible et douloureuse.
Les souvenirs des moments partagés à déguster les jours, à se retrouver pour un verre, une chanson, une ballade, un voyage, à bavarder, à être ensemble tout simplement dans la distance ou la proximité,..
Je vois ton appartement sur les Quais de Saône, les aquarelles achetées par Baya, la photo de ta sœur au sourire juvénile et ravie qui illumine chaleureusement ton salon et nos regards.
Que de beautés et de sentiments… Instants de bonheur… de plénitude… à chaque fois avec toi, en passant par Lyon une douce et tendre récréation.
Ton luth accroché au mur, maintenant nous écoute, nous parle et nous chante en silence comme des murmures, des confidences, des secrets, des mélodies et des refrains, des complaintes de chaabi, une éloge à ta vie, à ton histoire…
Tu es et tu resteras une belle personne, Mustapha, mon frère, mon beau frère…
Rabah BELLILI
A mon frère Mustapha