EL FLAYE À L’INITIATIVE DE L’ASSOCIATION SAVOIR ET PATRIMOINE. Rencontre avec Karim Tahar

Partager

karim-taharLes grands amateurs des KO et les inconditionnels des rings le surnomment « Tahar le gaucher». Aimable et d’une simplicité déconcertante, très loin de la folie des grandeurs, lui qui est pourtant un des grands talents enfantés par la Kabylie profonde, Khali Tahar, connu sous le surnom de Karim Tahar était, jeudi après-midi, l’invité de l’association ‘’Savoir et patrimoine’’ d’El Flaye, région natale du boxeur. Dda Tahar a, durant plus de trois heures, charmé l’assistance. Juste après l’intervention de l’ex-maire de la commune d’El Flaye, qui souhaita la bienvenue à l’invité et à tous les présents, Dda Tahar prit la parole. Il raconta son riche parcours, en commençant par son enfance dans le quartier de Bab El Oued, où il vécut à partir de l’âge de 08 ans.
A 82 ans, sa mémoire est intacte. Il narra ses combats d’enfant contre les enfants des colons et son exclusion du lycée, alors qu’il se voyait déjà dans la robe noire d’avocat. Il raconta sa première montée sur le ring, les combats qu’il a toujours gagnés par des KO ou abandon des adversaires, jusqu’à ce qu’il devienne le célèbre « Tahar le gaucher » qui faisait trembler ses concurrents. Il est également longuement revenu sur des combats des grands boxeurs de la planète qu’il a connus et côtoyés durant sa carrière, notamment le King, Mohamed Ali (Cassus Clay), qui était son ami. Il n’omettra pas d’évoquer ses amis et beaucoup de noms de la boxe qui ont fait le bonheur des Algériens, à une époque où le noble art était le sport roi. Omar Kouidri, Alouche, Omar le noir ou encore Hamia sont des noms qui sont souvent revenus dans son témoignagei. Sur la demande de l’assistance, il raconta l’histoire de sa rencontre avec Ali la pointe et les cours de boxe qu’il lui a appris, pour en faire un boxeur professionnel, jusqu’à l’engagement de ce dernier aux côtés de la célèbre équipe de Yacef Saâdi qui a mené la bataille d’Alger. Il dira que la boxe était, à l’époque, plus qu’un sport ou un art de combat, plutôt une arme de lutte pour l’émancipation d’un peuple et le recouvrement de ses droits spoliés et de son identité confisquée.
A l’appel du FLN en 54, Dda Tahar raccroche les gants et s’engage dans la révolution. A l’indépendance, l’homme aux poings de fer assuma plusieurs missions et fonctions dans des institutions et instances nationales, africaines et internationales. Il était à l’avant-garde de ceux qui ont procédé au lancement de la fédération Algérienne de boxe, arbitre international renommé, membres des instances continentales et internationales et conseiller des ministres Ghouzali et Aouchiche. Il était un des hommes d’ombre qui ont fait venir Loucif Hamani de France pour faire de lui un champion, et un des artisans des médailles de Zaoui et Moussa durant les jeux olympiques de los Angeles en 1984. Fermant le volet de sa carrière sportive, Dda Tahar ouvrit celui de sa carrière d’artiste émérite. Il parla de son répertoire musical, de ses rôles dans le Film Français « Aventure à Alger », et égyptien « N’oublions pas la Palestine », ses souvenirs avec Mohamed Igarbouchen, Al Anka, Cheikh Nourdine, mais aussi de son séjour durant trois années au Caire, sa rencontre avec les grands maitres Mohamed Abdelouahab, Abdelaziz et José de Susa. Il raconta comment il a réussi à moderniser la chanson kabyle en introduisant plusieurs instruments et comment il l’imposa dans les plus grands concerts mondiaux, lui l’infatigable homme qui a deux grandes tournées mondiales à son actif, l’ayant mené sur les plus grandes scènes de la planète. La fin de la rencontre fut de toute beauté. Les responsables de l’association ont tenu à gratifier le boxeur artiste d’un cadeau honorifique, matérialisé par un magnifique cadre, comportant une ancienne photo de la région, sa propre photo à lui durant sa jeunesse et un petit mot de remerciement et de reconnaissance.
Arezki Toufouti le 30 08 2013
depechedekabylie.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *