Au fil des ans, El Flaye est devenu un bourg de montagne en absorbant au gré des années les villages voisins d’El Madi, Aït Daoud et Izghadh. Son extension est si importante que les maisons les plus basses du village se sont rapprochées des plus hautes du chef-lieu de daïra, Sidi Aïch.
Avec ses 7500 habitants où dominent, comme partout en Algérie, les enfants et les jeunes, elle compte 4 écoles primaires et un collège. Les besoins en loisirs et en animation culturelle sont immenses. En dehors de la télévision « parabolique » et d’Internet, rien ne venait troubler l’ennui terrible et le sentiment de déshérence qui y régnaient. Mais un frémissement semble se dessiner. En août 2007 déjà, le musée d’Ath Ouaghlis, culture et histoire, a ouvert ses portes. Un tout petit musée aux moyens de fortune, mais qui, en s’efforçant de reconstituer l’histoire et le patrimoine du village et de ses environs, a su créer un engouement auprès des jeunes comme des adultes. Parallèlement, un local a été dévolu à une bibliothèque animée par une professeure du lycée, Zahia Chelbi, et une petite équipe, tous des bénévoles. Un évènement à l’échelle du village. Par ses actions de soutien pédagogique, la bibliothèque a eu un impact considérable sur les résultats scolaires. Des élèves considérés comme des « cas désespérés » ont été sauvés de l’échec et le village a enregistré un taux de réussite au bac proche de 90 % ! La culture n’a pas été omise avec la création de L’heure du conte, des séances où les plus jeunes renouent avec le patrimoine oral ancestral, encouragements à la lecture, etc. Demain, vendredi 20 février, devrait débuter une semaine d’action culturelle autour de la bibliothèque, menée avec l’association Identités et Partage de Montpellier dont le président, Nadir Bettache, est originaire d’El Flaye. Au programme, le don d’environ 7000 livres pour la bibliothèque et l’organisation d’une formation de 4 jours à la gestion bibliothécaire qui sera animée par Lucie Ambrosi, bibliothécaire expérimentée. Ce séminaire touchera aussi des jeunes issus d’autres localités de la wilaya de Béjaïa. Il est prévu également la mise en place d’ateliers d’animation destinés à susciter ou renforcer le goût de la lecture ou de l’écriture auprès des jeunes et enfants d’El Flaye. Des auteurs vivant en France et originaires de la région, comme Anissa Mohammedi et Fatima Kerrouche, ou vivant au village comme Abdelmalek Cherid qui est adepte autant de littérature que de peintures, encadreront ces rencontres qui promettent des contacts enrichissants. Des contacts entre le proviseur et des enseignants du lycée Taos Amrouche de Sidi Aïch et des pédagogues versés dans le jumelage culturel de lycées du monde devrait déboucher sur des projets d’échange. Il est à noter la disponibilité de l’APC d’El Flaye à l’essor culturel de sa commune, hélas rare il faut en convenir.
Par Salim Lahcène
EW 19 02 2009