Je m’étais endormi. Je suis toujours à la gare de Takrietz.
J’attends toujours le train dans les longs couloirs et les compartiments de ma mémoire.
Dans chaque wagon, les compagnons de voyages de mes âges différents.
Je remonte ou je descends, je ne sais pas.
Je sais juste que j’attends.
Et l’attente est pleine de temps.
Temps passé, temps présent, temps d’attente,
Tant d’attente.
Passé, présent,futur, c’est l’attente.
L’attente n’a pas de limite
Un voyage, plutôt des voyages passés. Je ne me souviens pas de tout et de tous.
Des flashs back, inconscients, fugaces et incontrôlés font partis du voyage, ainsi que des séquences conséquentes, des longs métrages qui occupent l’espace et le temps.
C’est ainsi l’attente. Pendant l’attente on avance toujours, le film et le spectacle continuent.
Ce que l’on croyait sûr est pourtant plein d’inconnus.
Ce que l’on croyait disparu est pourtant bien là permanent, en veille et bien vivant.
Il suffit d’un rien pour éveiller le souvenir qui a fait son bonhomme de chemin et qui a murit dans les recoins aux chemins inaccessibles toutes ces années.
Je vois. Vous avez voyagé, vous aussi. Vous me comprenez donc ?
Je n’ai plus d’unités pour téléphoner. J’attends que l’on m’appel.
Il fait chaud. Il faut toujours garder une bonne poire pour la soif. Je ne sais pas pourquoi on dit cela: une poire pour la soif. C’est une autre histoire, mais je sais très bien pourquoi je l’écris. Peut être que j’aurais dû en garder un peu en réserve pour pouvoir biper et me rappeller vraiment.
Gare de Takrietz, il n’y avait pas de café, Juste des champs tout autour. Un grand hangar en taule ondulée, un demi cylindre, un reste de l’armée d’occupation.
L’attente me désoriente. Je ne sais plus, Alger, Le Vgaith, ou Istanboul.
Que ce train est long.
Je suis dans le train, à l’approche de la gare.
Des voyageurs se précipitent, encombrent le couloir et le petit carré près des portes et des toilettes, tout cela pour être le premier à sauter sur le quai.
Nous ne sommes pas encore arrivés, toujours en approche. Les habitations, maisons, immeubles, bien concentrés, la traversée des banlieux et des périphéries. Des tunnels par moments, nous transportent dans le noir avant d’atteindre le coeur de cette fourmilière humaine.
Pourquoi, suis je revenu ?
On fait parfois les choses sans raison. La raison se fait d’elle même.
Je me souviens certes, mais je n’arrive pas à oublier. Je n’arrive pas et ne veux l’oublier.
Ce n’est pas si simple. Je sais. Et ce n’est pas évident de faire le tri avec le temps.
Dans tous les cas, c’est lui qui a le dernier mot.
Gare de Takrietz, la gare est fermée et pourtant ouverte à tous vents.
Suis je vraiment parti ? Je ne sais plus.
Appelles moi. Je t’attends.
par Rabah BELLILI
29 07 2012