Entretien avec le metteur en scène Messaïli Mohand Sadek

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“Le quatrième art se débat dans de graves difficultés”
A la fin de la pièce I kkech dachou ikki cheghvene ?, ce jeune dramaturge, né en 1983, a bien voulu se confier aux lecteurs de La Dépêche de Kabylie.
La Dépêche de Kabylie : Pouvez-vous nous présenter votre troupe ?
Messaïli Mohand Sadek : Nous sommes des jeunes de la région de Chemini, et nous travaillons ensemble depuis l’année 2006, à la Maison de jeunes. La troupe “Aweghlis” regroupe 22 éléments ; sept jeunes filles et quinze garçons passionnés des planches de théâtre que nous exerçons avec plaisir et détermination.
Pourquoi ce titre “I kech dachou ikki cheghvene ?”?
C’est une question récurrente que l’on pose chaque jour, à toute personne que nous rencontrons. Elle fait partie de notre vocabulaire et renferme en elle-même une substance inquiétante qui malmène nos esprits. D’ailleurs, à chaque citoyen son casse-tête, non ?
Quels sont les problèmes majeurs que rencontre la troupe ?
Les problèmes, on a que ça ! Mais pour l’essentiel, nous manquons énormément de moyens. Si bien que la direction de la Maison de jeunes Farid U Zadi nous a financé la décoration, du reste, on se prend en charge nous même, ce qui n’est pas évident : pour le transport, pour l’achat du matériel et les costumes. Ceci dit, la situation de la troupe “Aweghlis” est suffocante car tous les éléments sont, soit chômeurs, soit étudiants.
Et pourtant, vous avez participé à de nombreux festivals…
…Effectivement, nous avons pris part à plusieurs manifestations. Je vous cite celui El Flaye, Sidi-Aïch et Ighzer Amokrane. Et puis, il y a eu la semaine culturelle de Souk El Tenine en 2008, où nous avons décroché le premier prix avec la même pièce que ce soir. Nous avons également décroché le troisième prix d’un festival à Akbou pour notre pièce Tabghesth net yemma-ts ou le courage d’une mère. Sans oublier le festival de théâtre amateur à la salle Malek Bouguermouh d’Amizour en 2007 ou hélas ! c’est un festival pour les troupes d’amateurs et finalement ce sont les professionnels qui ont été primés. Du reste, on sillonne les quatre coins de la wilaya et parfois, on se produit dans les cités universitaires, comme ce soir.
Quelle appréciation portez-vous sur le théâtre en Algérie ?
Il faut avouer que le quatrième art se débat dans de graves difficultés. Chez nous, les talents ne manquent pas mais la volonté ne suffit pas. Nous, on aime l’art pour l’art et ce qui nous sépare des professionnels c’est bien le nerf de la guerre, l’argent. Cependant, je ne désespère pas qu’un jour, les autorités daigneront jeter un œil bienveillant en notre direction.
Quel est votre dernier mot ?
Les planches d’un théâtre sont un terreau plus qu’utile à toute société qui se respecte. Je me souviens qu’à Souk El Tenine, notre troupe n’a pas été prise au sérieux au départ, mais au bout d’un quart d’heure, le public s’est mis à nous applaudir. Je veux dire par là, qu’il faut encourager, et bannir des pensées, les “à priori” et le mépris. Vive le théâtre !
Entretien réalisé par Tarik Djerroud
La Dépêche de Kabylie 16 03 2010

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