Hommage au commandant Kaci Hamaï.

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Il a été un valeureux Moudjahid de la vallée de la Soumam
Par : Djoudi ATTOUMI (*)

9 commandant hamai dr_200_150Sur l’initiative de l’association de son village, la vallée de la Soummam a commémoré du 17 au 19 août la mort de l’un de ses valeureux fils, en la personne du commandant Hamaï Kaci qui a laissé son empreinte dans l’histoire de la guerre de libération.
Né en 1921 dans le petit hameau d’Ilmaten (Chemini), il fréquenta assidûment l’école “indigène” distante de 4 km ; c’était en 1929. Quatre années plus tard, il obtient le certificat d’études primaires, ce qui l’arma pour l’avenir. Il se cultiva davantage en fréquentant le parti nationaliste de son choix qui était le PPA. Sa curiosité le conduisit à se poser des questions sur ce qui se passait autour de lui, dans la région et puis dans le pays. Il est révolté dès son jeune âge par les injustices, les humiliations et les assassinats du colonialisme français.
Militant fougueux, il fréquenta des militants bien connus, comme Mourah Mokrane, un parent à lui, Gherbi Salah d’Aourir (Chemini), Saddeki Nacer d’Ouzellaguen, Idir Hadad (Akabiou), Md Akli N’Ait Kaabache d’Ighil Ouanceur et tant d’autres. Grâce à son niveau d’instruction, il tenta comme tant d’autres de ses compatriotes l’aventure de l’émigration. Constatant que le milieu ne lui convenait guère, il rentra au pays.
Mais il était un autre homme ; au cours de son séjour en France, il eut à connaître des chefs du PPA/MTLD et de se tremper dans les milieux nationalistes ; il aurait rencontré Amirouche Ait Hamouda qui deviendra son ami, puis son chef et enfin son égal puisque le congrès de la Soummam les a consacrés commandants tous les deux.
Un parcours nationaliste des plus riches
C’est depuis les années 1950 qu’il entreprit des contacts fructueux et des déplacements réguliers dans la vallée de la Soummam, à l’est et vers le centre du pays dans la grande discrétion.
Ses proches disaient de lui qu’il était responsable local du MTLD et en tant que tel, il entretenait des contacts permanents avec ses amis d’Ouzellaguen, de Seddouk, plus précisément à Ighil Ouanceur, des Aith Oughlis, Akabiou, Adekar, Ait Mansour, etc.
Avec son camion Renault “cabine avancée”, il sillonnait la région. Il se rendait surtout vers l’est à Philippeville (Skikda), où quelques familles de la vallée étaient installées et sont devenues de riches commerçants.
C’est peut-être à partir de leur soutien qu’il rencontrait sur place des responsables importants, comme Lakhdar Bentobbal, Zighoud Youcef. Il continuait même vers les Aurès où il rencontrait Mustapha Benboulaïd.
Les anciens témoignaient que ses déplacements étaient dans le but de transporter des armes et des munitions afin de préparer le déclenchement de la guerre de libération.
Mokrane Mourah, tumultueux et ardent nationaliste, conduisait le camion et était entièrement disponible pour la cause nationale ; d’ailleurs il sera officier de l’ALN pendant la guerre de libération ; il eut le mérite de conduire une compagnie d’acheminement d’armes de la Kabylie en Tunisie et retour en ramenant avec ses hommes un important lot d’armes de guerre.
Lors du déclenchement de la guerre de libération le 1er novembre 1954, Hamaï Kaci attendait les instructions de ses chefs qui n’arriveront jamais. En effet, après la défection de Larbi Oulebsir, toute la région est restée dans l’expectative.
La population était enthousiaste ; en attendant les instructions, une réunion secrète se tient le 4 novembre 1954 au square de Sidi Aïch, entre Hamaï Kaci, Md Akli N’Ait Kaabache, Gherbi Salah, Mourah Mokrane et Belhadad Idir.
C’est Mira Abderahmane qui prendra l’initiative des actes de sabotage et de quelques actions dans la région de Mechedallah.
Hamaï Kaci ne perdra pas de temps ; il enverra un émissaire auprès de Krim Belkacem vers fin 1954 pour demander des instructions, l’informant que les militants et la population de la région étaient prêts pour participer au combat libérateur. Déjà, le 8 novembre 1954, il fut répondu à Gherbi Salah que Larbi Oulebsir devait communiquer les instructions aux militants de la Soummam. Et devant cette passivité, il est chargé avec Md Akli N’Ait Kabache de se rendre à Alger au café Djenina (square Bresson, actuellement Port Saïd). L’émissaire de Krim Belkacem les chargea de contacter le groupe des moudjahidine au village Tizit, Illoula.
Et c’est ainsi que ce groupe fut ramené à Semaoune le 24 décembre 1954 par Mourah Mokrane ; il était composé de Amar Aith Cheikh, armé d’une mitraillette allemande, Moghni Abdallah armé d’une carabine US, Ferhat Ouramdane et Moh Arezki dit “petit Arezki”, tous deux avec des fusils de chasse.
Un autre groupe de moudjahidine arriva à Sidi Hend Oussaid probablement envoyé par Krim Belkacem. Et c’est là que fut formé le premier groupe de moudjahidine avec Sadeki Nacer, Mourah Mokane, Hamaï Belkacem, son cousin Hmana, etc.
Amirouche Aït Hamouda – Kaci Hamaï, un duo qui organisa la vallée de la Soummam
Aït Hamouda Amirouche arriva au village Smaoun (Chemini) vers fin mars 1955. Il fut reçu par Hamaï Kaci et ses proches compagnons, comme Mourah Mokrane, Hamaï Belkacem, Mouri Lounas, Maouche Hadj Amara… Et c’est de là que débuta un plan d’organisation avec les moudjahidine en place afin d’investir la vallée de la Soummam. Des rencontres furent aussitôt organisées toujours dans le plus grand secret avec ces militants purs et durs de la région, comme Gherbi Salah, Md Akli N’Ait Kabache, Idir Ahaddad, Larbi Touati, Mhenni Lhadj, Oudek Arab et tant d’autres. Plusieurs groupes furent créés un peu partout. Toute la région fut investie par les moudjahidine jusqu’aux Babors, aux Bibans, dans l’Akfadou, le Djurdjura, etc. Toujours en compagnie de Kaci Hamaï, Amirouche sillonna dans la plus grande discrétion tous les villages avec pour objectifs : éliminer les traîtres, acquérir la confiance de la population, organiser les cellules politico-militaires, etc. Ce fut un travail de longue haleine ! Tous ces hommes de valeur, tous ces patriotes déterminés se rencontrèrent et s’entendirent, sans aucun problème, toujours dans l’intérêt national.
Pour organiser la ville de Béjaïa, il chargea Allilat Larbi de prendre contact avec les militants de la ville, entre autres Younès Lakehal, Allaoua Ihaddadène, etc.
Kaci Hamaï au congrès de la Soummam
Discret et effacé, il était derrière de nombreuses initiatives du colonel Amirouche, notamment le choix du lieu du congrès, la sécurité des congressistes, etc. Il fut nommé commandant, au même titre que Amirouche.
Politicien avisé et homme de dialogue, il rencontra séparément les bachaghas Ben Ali Cherif et Ourabah. S’il avait convaincu le premier de démissionner de son poste et de quitter le pays pour échapper aux représailles françaises, le second n’a rien voulu savoir.
En effet, Ourabah continua à exercer ses fonctions jusqu’à la fin de la guerre, sans oublier son rôle aux côtés de l’armée française. Le commandant Kaci fut par la suite chargé d’une mission en Tunisie auprès du colonel Ouamrane qui devait assurer l’approvisionnement des maquis en armes et en matériel.
Il quitta donc la Wilaya III au début 1957 ; il devint ambassadeur du GPRA en Tunisie jusqu’à la fin de la guerre. Il rentra au pays pour participer à l’organisation du référendum de l’autodétermination.
à la proclamation de l’indépendance, il s’était retiré de la vie politique, échappant ainsi aux querelles intestines et aux complots que connut le pays pendant les premières années du pouvoir d’Ahmed Ben Bella et de Houari Boumediene. Ainsi, il vécut dans la discrétion, n’ayant jamais mis à profit son statut d’ancien officier supérieur de l’ALN et d’ancien ambassadeur du GPRA. Il s’éteignit le 29 août 2003, entouré des siens, et connut des funérailles sans fanfare, comme il le souhaitait. Ainsi, il resta effacé même dans sa mort.
D. A.
(*) Ancien officier de l’ALN. écrivain.
— In Journal Liberté

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