« Ma Kabylie me hante »…
Bien loin dans le temps et l’espace et pourtant si présente et prégnante, ma Kabylie me hante…
Nostalgie, souvenirs ou imagination ?
Je ne saurais dire vraiment cet indicible et indéfinissable atmosphère, faite de sensations, de ressentis, d’images, de visages, de lieux et paysages.
La fontaine pas loin, le sentier poussiéreux au-dessus de nous, avec le va et vient des retours des champs, bergers, chèvres, ânes et moutons…
Des instants hors du temps inscrits dans la lumière limpide et douce de ces fins de journées brûlantes et harassantes.
Le caroubier, tha kharouvth accrochée comme un acrobate aux flans des pentes raides de Fellous nous accueillait, tel un salon champêtre, au couchant, à l’heure où le soleil déclinant dévoile ses tableaux fabuleux et grandioses.
Nous respirons notre vallée à plein poumons.
En face Ath Wouaghlisse, s’allumait pour la nuit, village après village. Plus bas dans le creux à la rencontre des deux versants, et du passage d’assif, Sidi Aïch tout à notre indifférence, bien lointaine à nos regards.
Nous entendions le train du soir. sans le voir, toujours à la même heure, en retour d’Alger.
Nous étions bien, à déguster notre compagnie, nos rêves et nos illusions, des instants de bonheur.
Nous n’étions pourtant pas seuls.
Tous nos ancêtres veillaient autour de nous.
Ils demeurent dans nos champs,
dans les arbres, les plantes les sentiers, les chemins, les ravines les sources, la fontaine, vraiment partout, même dans l’air ambiant.
D’humeur et de tempérament réservés, ils n’hésitent pas à se manifester clairement, distinctement et précisément à la personne concernée, par des signes réels ou sublimes…
Ma Kabylie, c’est eux aussi, tous nos ancêtres qui gardent en nous toute l’histoire, l’intelligence, la beauté, la sagesse et la simplicité des humbles
Même, si je ne les ai pas réellement connus, je sais qu’ils sont là et m’aiment, comme m’aiment les miens, mes parents, mes proches, tha darthiouw, à leurs manières.
Ma Kabylie me hante et me manque, bien que nous ne nous soyons vraiment et jamais quittés.
Rabah Bellili
A mon père El hadj Khelaf oul Mohoub
qui aime sa terre, son pays, son village Amagaz…
Et à tous les miens.
Le 1er novembre 2020