Avec le temps, tout change, les circonstances apportent leurs lots d’histoires et d’évènements.
Une certaine insouciance malgré les circonstances et leurs souffrances, privilège de l’enfance, que l’on traverse sans indifférence, comme dans un état second, comme si nous étions autres.
Nous allions acheter le pain à la boulangerie et le lait à l’épicerie tous les jours, tout frais de l’usine à lait ou travaillaient nos pères (Louzines ouillefké)…
Les caramels coutaient un franc. Je n’ai jamais revu le photographe depuis ce jour. D’ailleurs je ne m’étais rendu compte de rien comme si c’était quelqu’un d’autre. Je n’en n’ai donc jamais parlé à qui que ce soit.
C’était rue du Landy à Clichy La Garenne, en revenant de la boulangerie, le long du mur du dispensaire de la Croix Rouge.
Peut être que c’est un peu confus et vide dans ma tête.
Je ne me souviens plus très bien et même pas du tout comme une étrange absence.
A cet âge là, la mémoire est pratiquement et naturellement inexistante et imprévisible.
On s’imagine et on perçoit les choses bien mieux après, bien après.
Avec le recul, les photographies, les images et les contes et tout ce que l’on nous raconte, tout ce que l’on ressent depuis le premier jour, on finit par se construire une mémoire et des souvenirs légers et colorés comme si tout cela se passait hier.
Tous les copains de l’époque que sont ils devenus ?
Emportés par le temps, la guerre et peut être parfois par la misère du quotidien. Existaient ils eux aussi d’ailleurs, ou ne sont ils que le fruit de mon imagination.
Bien des pages tournées…
Avec le temps, je me souviens.
Je me souviens même très bien.
Et aujourd’hui encore, je me demande comment il a pu me photographier alors que je n’étais pas né.
Dayen éille doufét wouahmagh !
Rabah BELLILLI
Un enfant par Willy Ronis
Le mardi 28 juin 2016