« Yem’ma, je me souviens de tes mains » par Rabah BELLILI

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Images de mains,
« Yem’ma, je me souviens de tes mains »

La main chez nous se dit afousse,
un nom singulier aux sens pluriel.
Au pluriel, car une main ne se trouve jamais seule.

If’fassen, les mains, celles qui façonnent les pierres, portent la poutre, la soulèvent, et font une maison.

Les mains qui partagent le labeur et qui partagent le bonheur.

Les mains de ma mère, faisant tourner la galette sur le vofrah au-dessus du kanoun’, avec grâce, comme un ballet, une danse pleine de délicatesse et de raffinement, tout en légèreté et sûreté.

La lampe à pétrole illumine son visage, un clair obscure aux couleurs chaleureuses et tendres.

Une image, un tableau de maître, accroché au fond de mon coeur et dans ma mémoire.

Yem’ma, maman, je pense à toi, ta bonté m’enveloppe. Je me souviens de tes mains qui nous ont élevés et fait grandir, usées par les lessives, les marmites, le ménage, la maison et l’exil.

Tu ne leur épargnais aucune peine, pour tes enfants, pour ta famille.

Pendant les années d’orages et de sang, quand les soldats aux mains de fer dans des gants de plomb, sans foi, ni cœur, paradaient sur nos collines, imbus de leur inhumanité, tes mains tissaient des nattes et des couffins pour assurer notre subsistance.

Toi tu as toujours eu la main sur le cœur.
Ce sont tes mains dont je me souviens et qui m’apaisent aujourd’hui encore.

Yemma, je vois ton signe de la main.,
Tu me dis, je suis là. Tout va bien.
Tout va bien se passer.
Au revoir mon fils.
Au revoir yem’ma

Rabah BELLILI
« Yem’ma, je me souviens de tes mains »
Le 15 novembre 2021
à Sidi Ahmed, Bougie, Bgayeth

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